BOLLAWARE, ce n'est pas un petit groupe à la sauvette avec quelques bricoles à son actif. Ce groupe allemand commence en effet à sévir en 1989, alors que le CPC est encore au firmament.

Pendant 10 ans BOLLAWARE, dont le staff permanent se compose de Doc Bartoc et Uncle Siggi, va apparaître relativement productif pour un groupe agissant uniquement sous l'emprise du fun. Les teutons semblent possédés et multiplient les expériences, amassant de précieuses connaissances pour s'attaquer progressivement à de plus en plus gros morceaux. La mort clinique de l'AMSTRAD CPC ne les arrêtent pas car, bien au contraire, c'est après 1992 que les choses deviennent vraiment sérieuses avec des projets de plus en plus ambitieux.

Entretenant son image comme une marque, le petit groupe ayant pour mascotte un cochon se créé une véritable identité en glissant des groins avec espièglerie dans ses productions. Cet animal fétiche est omniprésent. Aprés avoir marqué de nombreux coups d'essais avec quelques démos assez sympathiques mais surtout de petit jeux sans prétention, les projets se précisent. Les graphismes deviennent bien plus fins, les musiques omniprésentes, l'ensemble devient bien plus esthétique. Tout cela apparaît normal car après de nombreux jeux plutôt expérimentaux, le groupe s'attelle à la conception de productions bien plus complexes avec un scénario, une vrai patte graphique et une réelle mise en scène.

A terme, en 1999, ce groupe finalement resté assez discret se retire de la scène CPC en laissant derrière lui un jeu de rôle complet à la documentation énorme et au scénario savamment orchestré, un beat'em up bien meilleur en tout point que tout ce que l'on a pu voir éditer sur notre belle machine de son vivant, ainsi qu'une série de jeux moins ambitieux mais toujours agréables à manipuler.

Au fil de cette page, vous trouverez les tests de leurs deux titres les plus aboutis Mais n'hésitez pas à vous attarder sur le site de BOLLAWARE afin de profiter de toutes leurs productions, jeux et démos ainsi que certaines applications "maison".





BLACK LAND
1995/98

Voici sans doute le plus gros morceau de BOLLAWARE, tous styles confondus. Pourquoi ce jeu plus particulièrement? Pénétrez l'univers de BLACK LAND et vous découvrirez une richesse scénaristique qui n'a rien à envier aux canons du jeu de rôle disponibles sur notre machine préférée.

Alors dressons tout d'abord le décor. Un dieu aux traits porcins répondant au nom de Fres (tiens donc!) nous narre ses exploits dans la création de l'Univers et de la vie qu'il y cultive. Il nous conte comment il décida de créer un petit monde où il laissa la vie s'épanouir tel un jardin d'Eden. Il observa avec attention la ténacité avec laquelle une jeune race, les Hommes, s'évertuait a dominer son environnement. Et dans son amusement, attendris par une telle volonté, ce dieu facétieux décida d'englober la planète dans un nuage magique dont seuls les plus érudis pourraient découvrir l'existence et ainsi apprendre à exploiter de nombreux pouvoirs défiant l'imagination. Sur une petite île perdue dans l'immensité de l'océan, la population qu'elle abrite excelle justement dans la connaissance de la magie et de ses secrets.
Leur vie paisible semble inébranlable, mais bien évidemment et pour que le scénario ne deviennent pas rapidement barbant, un magicien aux intentions moins pacifiques s'est accaparé les pouvoirs d'un calice enchanté avec lequel il réussit à ouvrir un passage vers les mondes souterrains, déchainant une véritable vague de chaos sur l'île paisible. Le dieu Fres décide alors de confier à quatre champions la lourde tâche de traquer le démon afin de rétablir l'équilibre qu'il a osé rompre. Ces champions ne se connaissent pas encore, ne soupçonnent même rien de la lourde tâche qui leur a été assignée. Vous imaginez bien que vous êtes justement parmi ces quatre malheureux spécimens désignés par le divin et qu'il vous incombe donc de faire le ménage dans toute cette pagaille.

Le scénario ne semble pas inédit de prime abord mais ne vous inquiétez pas, l'intéret ne réside pas ici dans l'originalité de la situation de départ mais dans celle des aventures étonnantes qui vous attendent tout au long de BLACK LAND. Et puis après tout, je ne connais pas un seul jeu se déroulant dans un univers d'héroic-fantasy qui réussisse à échapper à l'éternelle quète contre le mal, quand on ne doit pas se coltiner la mission sacrée de libérer une belle écervelée assez stupide pour croire que la sécurité l'attend au plus haut de la plus haute tour du palais de son ravisseur. Mais je m'égard...

BLACK LAND, c'est avant tout un très sérieux jeu de rôle aux règles complexes qui vous donnera les migraines que l'on est en droit d'attendre d'un univers aussi riche. La trame de l'histoire se déroule sur fond de jeu d'aventure de type "point&click" dans lequel vous devez faire preuve de sagacité pour progresser en ramassant et en utilisant les bons objets répartis sur l'écran de jeu. Vous vous déplacez directement à l'aide de la manette et alternez le plus simplement du monde entre le mode déplacement et le mode pointeur par une simple pression prolongée du bouton d'action. En mode pointeur, vous accédez rapidement à toutes les actions possibles et naviguez sans contraintes dans les différents menus du jeu ou inventaires de vos personnages. Vous devrez gérer vos personnages, les nourrir, les faire dormir en encore les soigner. Ils pourront se passer des objets et agir en équipe. Une carte à l'écran vous permet de vous situer rapidement, vous ainsi que les différents protagonistes.

Les combats, quant à eux, se déroulent au tour par tour comme dans tout bon jeu de rôle selon les règles classiques des jeux de plateau. Vous disposez d'un certain nombre de points par tour que vous répartissez entre différents mouvements et attaques. Ce principe à le mérite d'être particulièrement ergonomique, on prend un réel plaisir à engager un combat.

La réalisation est plus que satisfaisante au regard de la faible puissance que peut offrir notre CPC pour ce genre de jeu généralement long, gourmand en temps machine et en mémoire. BOLLAWARE semble avoir tenu à contourner tout ces écueils pour faire de BLACK LAND un jeu ergonomique et dans lequel on ne souffre pas de cette certitude trop souvent ressentie que les développeurs ont du sacrifier certains aspects pourtant essentiels du jeu pour le faire rentrer dans un malheureux Z80 déjà malmené. Les graphismes exploitent le mode 1 en 4 couleurs, ce qui s'avère être un choix judicieux car à défaut d'être colorés, les décors et les menus sont particulièrement détaillés tout en restant relativement clairs. Soulignons aussi que le jeu prend en compte les changements de lumière, gérant le jour et la nuit, en variant l'intensité lumineuse selon le type d'éclairage dont disposent les héros à l'écran, le résultat est vraiment sympathique.

Mais si l'ergonomie de mode pointeur est irréprochable, le maniement des personnages à l'écran est bien plus délicat. En effet, il est toujours difficile d'organiser un ordre de priorité pour le déplacement de multiples personnages sur un écran, et le leader de la troupe se retrouve bien souvent bloqué, géné par l'un de ses compagnons. Ainsi se retrouve-t-on régulièrement obligé de changer de personnage leader afin de progresser dans le décor. Sans compter les éternels ralentissements auxquels notre CPC échappe rarement, surtout avec une zone de jeu en 320x200. Si la traversée de simples couloirs se fait sans encombres et avec vitesse, explorer des salles entières remplies d'obstacles devient parfois fastidieux, les personnages se déplaçant lentement en se cognant les uns aux autres.

L'ambiance sonore du jeu est comme bien souvent réduite à sa plus simple expression durant la partie, à peine peut-on de temps en temps entendre quelques bruitages discrets. Cependant, on profite de somptueuses musiques au lancement du jeu et lors de son introduction. L'essentiel est donc sauf, d'autant qu'une musique soundchip tournant en boucle durant les longues heures de la partie deviendrait rapidement insupportable.

Le scénario reste assez standard mais il vous tient en haleine et vous n'avez jamais le temps de sombrer dans l'ennui. vous commencez la partie par une petite quête d'initiation confiée par le dieu Fres qui vous envoie nettoyer ses geôles, mais ensuite la véritable quète commence et on rentre rapidement dans le vif du sujet. Bien que le jeu soit totalement en anglais, son fonctionnement est clair et vous prendrez facilement les commandes sans rester des heures à passer à côté de l'essentiel. Une documentation très détaillée vous permet de découvrir par écrit le scénario exact du jeu et d'y apprendre toutes les finesses de son fonctionnement. Cette documentation est d'ailleurs disponible en deux formats : en format de page HTML ou sous forme de manuel interactif à charger sur votre CPC.

BOLLAWARE n'a pas lésiné sur les moyens et on ne peut que les féliciter pour avoir réussi à traduire en anglais un programme aussi conséquent, documentation comprise, alors qu'à l'origine tout avait été créé en allemand. Un travail de titan lorsque l'on sait que l'Anglais n'est pas leur langue maternelle.

Malgré ses petits défauts le plus souvent dus à la faible puissance du CPC, vous n'avez pas le droit de rater BLACK LAND si vous aimez les jeux de rôle. Le scénario est conséquent, les menus sont clairs et détaillés, et les graphismes sont à la hauteur de ce que notre machine a de mieux à offrir. Il ne faut d'ailleurs pas moins de 2 disquettes complètes pour contenir le jeu, soit 680ko, ce qui est énorme sur CPC et rares sont les jeux qui, par le passé, ont nécessités une telle capacité de stockage. Une belle démonstration de force pour un jeu diffusé en 1995 (traduit en anglais en 1998), plusieurs années aprés l'arrêt de la production de la machine fétiche d'AMSTRAD.

Comme le cover de ce jeu utilise le principe de la double boîte 3" qui peut être surprenant, voici quelques photos pour vous donner une idée du résultat final une fois tous les éléments imprimés, découpés et assemblés.

















FRES FIGHTER II TURBO
1999

Voici le dernier jeu de BOLLAWARE puisque c'est à cette époque que le groupe a malheureusement annoncé son départ de la scène CPC. Haut les coeurs, et remercions-les plutôt pour avoir attendu toutes ces années avant de glisser du côté obscure de la Force. Pour ne pas rater sa sortie, le petit groupe allemand nous a concocté un véritable feu d'artifice, un départ en grande pompe. Et vous n'allez pas en revenir, car FRES FIGHTER II TURBO nous propose rien de moins qu'un jeu de combat, véritable clin d'oeil à un jeu de CAPCOM entré aujourd'hui dans la légende et dont la réalisation est aux antipodes de ce qui a pu nous être proposé sur CPC en 1988 avec le premier jeu de la fameuse série de l'éditeur nippon.

Une fois encore, les deux compères d'outre-Rhin n'ont rien laissé au hasard. Tout commence par une superbe introduction qui nous présente les différents guerriers du jeu, ils sont au nombre de six : Shamane, une guerrière sauvage à la tenue légère mais à la main leste; F. Sumo, un imposant combattant japonais; Vanessa, une jeune fille qui a grandi dans les rues; Bones, un revenant squelettique qui ne se sépare jamais du boulet qui lui a couté la vie; Justine, une nonne aux moeurs légères qui dispense la parole du Seigneur d'une manière plus que personnelle, sans oublier Walker la mascotte "maison", un monstre bipède aux griffes plus tranchantes que des couteaux GHINSU-2000. Tous ces combattants sont là pour vous donner du fil à retordre et ils ont plus d'un tour dans leur sac.

Une fois l'introduction et sa somptueuse musique bien rythmée terminées, une superbe page de présentation apparaît pour vous inviter à pénétrer de pleins pieds dans l'univers de FRES FIGHTER II TURBO. Quelques secondes de chargement plus tard, le menu principal du jeu apparaît. On y retrouve les modes habituels qui font les bons jeux de combat. Le mode arcade vous permet de jouer en solo et de choisir un personnage pour affronter chacun des six combattants, l'inévitable mode 2 joueurs vous propose d'affronter un ami dans l'arène de votre choix, enfin un mode tournoi permet jusqu'à 16 joueurs d'affronter à tour de rôle l'ordinateur dans un challenge épique.

On trouve aussi bien sûr un menu d'options qui permet de régler quelques paramètres comme le nombre de rounds pour chaque combat, le niveau de difficulté du jeu ou encore la manière dont sera choisie l'arène à chaque nouvel affrontement. Détail intéressant, vous pouvez même lancer un mode démo qui vous permet d'admirer des combats gérés par le CPU, fait rare sur notre petite machine.

Une fois vos paramètres réglés, l'écran de choix des personnages apparaît pour vous laisser sélectionner les combattant qui s'affronteront dans l'arène de votre choix. Des arènes, il y en a 6, une pour chacun des personnages. Une fois encore, les graphismes sont mis à l'honneur avec des décors de toute beauté et une démonstration de force technique omniprésente. Dans le temple de F.Sumo les personnages sont suivis de leur ombre, il pleut dans le cimetière de Bones et on trouve encore comme exemple une gestion "avant-plan/arrière-plan" dans la jungle de Shamane.

Le jeu utilise le mode 1 du CPC en 4 couleurs qu'affectionne tant l'équipe de développement et qui présente une qualité graphique impressionnante compte tenu du faible nombre de couleurs affichées simultanément. Les personnages sont quant à eux aussi dessinés avec finesse, et les couleurs choisies leur permettent de parfaitement ressortir pour ne jamais disparaître dans le foisonnement de détails des décors. Coquetterie ultime, vous pouvez choisir différentes palettes de couleurs pour chaque personnage à la manière des costumes multiples proposés dans les jeux de combat modernes. L'action à l'écran reste malgré tout très claire, cette fois-ci le pari est gagné, des graphismes somptueux en 4 couleurs qui ne nuisent jamais à l'ergonomie du jeu. Bravo les gars !

Sans être ultra speed, l'action est relativement rapide pour un processeur aussi lent avec des sprites aussi gros, ce qui donne finalement une jouabilité intéressante que l'on n'espéraît plus retrouver de nos jours sur CPC. Je peux vous assurer qu'on prend plaisir à manipuler les personnages dans ce jeu en 4 couleurs sur une machine 8 bits au processeur cadencé à 3,3 Mhz.

Incroyable! On continue de jouer passées les premières minutes d'ébahissement devant la qualité graphique du jeu. Un tel chemin a été parcouru depuis les années 80 en matière de jeu de baston que ce n'était certainement pas sur ce style de jeu que je pensais m'attarder sur CPC aujourd'hui. Bien sûr, on reste loin de la vitesse proposée dans des jeux de combats sur les machines 16/32 bits, mais on ne peut s'empécher de s'attarder plusieurs parties sur ce jeu à chaque lancement. De plus les coups sont relativements variés malgré l'utilisation d'un unique bouton de feu. Low-kicks, High-kicks, coups en saut, parade, tout y est. En tout une dizaine de coups en moyenne par personnage vous attendent, ce qui est bien plus que ce qu'ont pu proposer tous les autres jeux de ce type sur notre lady...

Côté regrets, puisqu'il faut bien trouver quelques défauts, on pourra noter l'absence d'un compteur durant les combats qui se déroulent donc obligatoirement en illimité. L'absence d'un mode histoire pour les personnages se fait aussi cruellement sentir car leur design attachant donne vraiment envie d'en savoir plus. Il n'y a pas non plus de gestion de scores, une omission regrettable dans un type de jeu basé sur la compétition. Mais le jeu est déjà tellement complet, disons que l'on est évidemment tenté d'en vouloir toujours plus, vieux gourmands que nous sommes tous...

Deux disquettes pour un jeu de combat, ben mon cochon (je ne pouvais pas la rater celle-là) ! Il faut dire qu'une face est utilisée pour une sympathique retrospective du groupe et une autre juste pour l'intro. Le jeu est bourré de graphismes superbes, les animations sont nombreuses, et pour une fois la partie sonore n'a pas été oubliée. Les musiques qui nous accompagnent dans l'introduction et les menus sont rythmées et collent parfaitement à l'ensemble, du travail de pro. Bien sûr, il n'y a pas de musique durant la partie et les sons restent discrets, mais il ne devait plus rester 1 octet de libre en mémoire une fois chargés les décors et les personnages du jeu. A un moment ou à un autre il faut faire des choix... Sans oublier les très nombreux cheatcodes, dont certains particulièrement savoureux pour customiser la partie. Les disquettes abritent même pas moins de deux jeux cachés !

Bref, ne passez pas à côté de cette bombe vidéo-ludique pour voir de quel bois se chauffe votre CPC. FRES FIGHTER II TURBO présente une réalisation et un intéret que certains programmes diffusés au plus fort de la vie du CPC ne proposaient même pas. Prix d'excellence!

Comme le cover de ce jeu utilise le principe de la double boîte 3" qui peut être surprenant, voici quelques photos pour vous donner une idée du résultat final une fois tous les éléments imprimés, découpés et assemblés.


















Mais bon sang, que leur a-t-il pris ? Pourquoi s'arrêter alors qu'ils touchaient l'excellence du bout des doigts ? Allons, avoir décidé de développer sur CPC le plus sérieusement du monde jusqu'en 1999 est déjà digne de louanges.

BOLLAWARE nous offre ainsi deux productions luxueuses. Merci encore à Doc Bartoc et Uncle Siggi pour ces purs moments de bonheur. Mais n'oubliez pas non plus leurs autres jeux, moins imposants mais souvent funs et téléchargeables sur leur site internet. Vous trouverez d'ailleurs au lancement de FRES FIGHTER II TURBO une trés sympathique rétrospective qui retrace leur parcours depuis leurs débuts, un "Chant du Cygne" pour un groupe qui tourne alors la page de plus de 10 ans de développement sur CPC.